“S’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème.” Jacques Rouxel

L'éducation des Shadoks




Eduquer les Shadoks, malheureusement, c'était pas chose facile.

Les cerveaux des Shadoks, en effet, avaient une capacité tout à fait limitée.

Ils ne comportaient en tout que QUATRE CASES.
 
Et encore, c'était pas toujours vrai parce que bien souvent il y en avait de bouchées. Pour remplir les cases déjà, c'était pas facile et cela prenait un certain temps.
 
C'est alors que commençait la difficulté parce que, quand les cases étaient pleines, il n'y avait plus de place et le Shadok, on ne pouvait plus rien lui apprendre.Si on essayait quand même, alors obligatoirement il y avait une case qui se vidait pour faire de la place.

C'est alors que commençait la difficulté parce que, quand les cases étaient pleines, il n'y avait plus de place et le Shadok, on ne pouvait plus rien lui apprendre.Si on essayait quand même, alors obligatoirement il y avait une case qui se vidait pour faire de la place.

De sorte que quand un Shadok avec une tête pleine voulait apprendre quelque chose, il fallait qu'il en oublie une autre.

EXEMPLE : si un Shadok avait appris à marcher avec une case et que plus tard il ait appris trois mots avec les autres cases, eh bien, si en plus on voulait lui apprendre à faire du vélo, le Shadok ne savait plus marcher.

Comme ils n'avaient que quatre cases, évidemment les Shadoks ne connaissaient pas plus de quatre mots. C'était:

GA BU ZO MEU

Vous comprendrez donc facilement qu'il n'y avait pas du tout suffisamment de mots pour toutes les choses qui existaient et qu'il y avait des quantités de choses qui avaient le même mot.


Cours




On appelle passoire tout instrument sur lequel on peut définir trois sous-ensembles: l'intérieur, l'extérieur et les trous.


L'intérieur est généralement placé au-dessus de l'extérieur et se compose le plus souvent de nouilles et d'eau.
   
Les trous ne sont pas importants. En effet, une expérience simple permet de se rendre compte que l'on ne change pas notablemant les qualités de l'instrument en réduisant de moitié le nombre des trous, puis en réduisant cette moitié de moitié... etc... etc... et à la limite jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de trous du tout. D'où THEOREME:


La notion de passoire est indépendante de la notion de trous et réciproquement

On appelle passoires du Premier Ordre les passoires qui ne laissent passer NI les nouilles NI l'eau.
   
On appelle passoires du Second Ordre les passoires qui laissent passer ET les nouilles ET l'eau.




On appelle passoires du Troisième Ordre, ou passoires complexes, les passoires qui laissent passer quelquefois l'un ou l'autre et quelquefois pas.
Pour qu'une passoire complexe laisse passer l'eau et pas les nouilles, il faut et il suffit que le diamètre des trous soit notablement inférieur au diamètre des nouilles.


Pour qu'une passoire complexe laisse passer les nouilles et pas l'eau, il faut et il suffit que le diamètre des trous soit notablement inférieur au diamètre de l'eau.




Quant aux passoires du premier ordre qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau, il y en a de deux sortes:

Les passoires qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau ni dans un sens ni dans l'autre



et celles qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau que dans un sens seulement.




Ces passoires là, on les appelle des casseroles.

Il y a trois sortes de casseroles.

Les casseroles avec la queue à droite, les casseroles avec la queue à gauche, et les casseroles avec pas de queues du tout.

Mais celles-là on les appelle des autobus.




Il y a trois sortes d'autobus: 
Les autobus qui marchent à droite; 
les autobus qui marchent à gauche 
et les autobus qui ne marchent ni d'un côté ni de l'autre. 
Mais ceux-là, on les appelle des casseroles.
Il y a trois sortes de casseroles: les casseroles avec... 








D'une façon générale, tout œuf se compose de trois parties: L'intérieur, L'extérieur et l'entre deux.

Mais il faut savoir que l'intérieur et l'extérieur sont en réalité une seule et même chose.
   
Quand on pond un œuf normal, en effet, vous avez sans doute remarqué qu'il est souvent d'usage que l'intérieur se transforme petit à petit en autre chose qui varie selon les cas, mais qui dépend le plus souvent de la composition de l'extérieur.
   
L'expérience nous prouve que si l'on a un extérieur en poule, par exemple, convenablement disposé autour d'un œuf, l'intérieur se transforme petit à petit en extérieur.

Ce qui démontre que l'intérieur est bien équivalent à l'extérieur et nous autorise à énoncer la nouvelle définition suivante, que je vous prie de noter:

Tout œuf se compose de deux parties: l'extérieur et l'entre deux.

Mais si l'intérieur et l'extérieur sont une seule et même chose, l'entre deux évidemment ne sert plus à rien...
Dans ces conditions, la seule et vraie définition à laquelle nous nous intéressons:

Tout œuf se compose uniquement et essentiellement d'extérieur.







L'ancienne géométrie Shadok reposait sur un postulat assez bizarre qui disait:

"La ligne droite est le plus long chemin d'un point à un autre"...


Et vous conviendrez que pour les voyages interstellaires risquaient de poser des difficultés. Mais grâce à Shadoko tout cela est changé. Voyons plutôt. 


Première partie

LE POINT

Définition : Le point est la plus courte distance possible entre deux lignes.


Premièrement 
  
Etant donné deux lignes quelconques trouver l'endroit ou elles se coupent.
Supposons qu'elles se coupent en ZO et MEU par exemple...
S'il en est ainsi, d'après notre définition, la ligne ZO MEU serait un point et serait plus courte que le point BU, or ce n'est pas le cas. Donc les lignes se rencontrent en BU.



D'où théorème: 
Deux lignes qui se rencontrent se rencontrent toujours au même endroit.

Propriété remarquable: Toute ligne prise hors d'un point ne passe pas par ce point, ou alors si elle y passe c'est vraiment par hasard.


Deuxièmement

LES POINTS PARALLÈLES

On dit qu'un point est parallèle à deux autres points lorsque ce point, étant convenablement disposé,  


si on le déplace d'un coté ou de l'autre, il est plus parallèle


D'où le théorème: La condition suffisante pour qu'un point reste bien parallèle à deux autres points, est qu'il reste là où il est et qu'il ne bouge pas.



Deuxième partie

LA LIGNE

On appelle ligne de premier choix, les lignes qui ne passent que par des points parallèles.




On appelle lignes Shadok ou lignes encombrantes, les lignes qui passent plusieurs fois par le même point ou par plusieurs.



On appelle lignes de deuxième catégorie, les lignes qui arrivent sur un point et qui s’arrêtent.




On appelle lignes de dernière catégorie ou petites lignes les lignes qui ne passent que par un seul point.









Le calcul a toujours donné beaucoup de fil à retordre aux Shadoks...

En effet n'ayant que quatre cases il ne pouvait pas compter plus que quatre... 1, 2, 3, 4...

Mais le professeur Shadoko avait réformé tout ça...

Quand il n'y a pas de Shadoks, on dit GA
Quand il y a un shadok de plus, on dit BU
Quand il y a encore un shadok de plus, on dit ZO
Et quand il y a encore un autre, on dit MEU .

Si je mets un shadok en plus, évidement, je n'ai plus assez de mots pour les compter...




alors c'est très simple: on les jette dans une poubelle, et je dis que j'ai BU poubelle.

Et pour ne pas confondre avec le BU du début, je dis qu'il n'y a pas de Shadok à coté de la poubelle et j'écris BU GA.




Bu Shadok à coté de la poubelle: BU BU.
Un autre : BU ZO.
Encore un autre : BU MEU. 

MEU poubelles et MEU Shadoks à coté : MEU MEU.
Arrivé là si je mets un Shadok en plus, il me faut une autre poubelle.
Mais comme je n'ai plus de mots pour compter les poubelles, je m'en débarrasse en les jetant dans une grande poubelle. J'écris BU grande poubelle avec pas de petite poubelle et pas de Shadok à coté : BU GA GA.

Et on continue... BU GA BU, BU GA ZO....



MEU MEU ZO, MEU MEU MEU. 

Quand on arrive là et qu'on a trop de grandes poubelles pour pouvoir les compter, eh bien, on les met dans une super poubelle, on écrit BU GA GA GA, et on continue... 







Principe fondamental de la Science gravitationnelle Shadokéenne et universelle:

Les choses tombent à cause qu'elles recèlent en elles une humeur maligne,une propension intime, intrinsèque et première, en un mot un principe tombant et qui les fait tomber: La Tombomanie. 



Or ne croyez pas que cette tombomanie soit l'effet d'une soit-disant loi universelle; 




non, c'est le fruit de la coupable industrie d'un microbe ou virus appelé Le Tombovirus, vous l'aurez deviné.




Ce virus, je vais l'isoler, et tel l'alchimiste cherchant la pierre philosophale, lui (Shadoko) il cherchait ce qui fait les choses tomber, la pierre tombale on pourrait dire mais n'exagérons pas.




Alors voyez, mordus par le tombovirus, l'objet contaminé est pris au cerveau et saisi de l'envie irrésistible de se précipiter par terre.



Il tombe de préférence là où il faudrait pas et selon que la chose est plus ou moins contaminée elle est douée d'une force tombique plus ou moins contondante. Ca dépend de la gravité, de la maladie en quelque sorte.



On avait oublié de vous dire que le tombovirus dans un sens c'était embêtant à cause des machins qui vous tombaient sur la tête, mais dans un autre sens pas tellement, parce que ça leur permettait aux Shadoks de savoir où était le bas. Car jusque là ils ne le savaient pas, si bien qu'ils tombaient un peu dans tous les sens, et ça faisait désordre.





Il avait fallu mettre des pancartes pour dire où était le vrai bas. De sorte que quand un Shadok voulait sauter du 28ème étage par exemple, hé bien il fallait d'abord qu'il aille voir la pancarte.




Alors là il sautait... il sautait..., s'écrasait... Les autres applaudissaient et disaient... " Ha... en voilà un qui tombe bien..."





La langue Shadok est quand même une langue étrangère, ne l'oublions pas.
Les Shadoks pour parler n'avaient que quatre syllabes: GA BU ZO MEU.
Pour l'écriture, c'était facile, ça ne s'écrivait pas comme ça se prononce...
Il y avait des signes: 



et tous les mots Shadok s'écrivaient avec ça.

Après GA qui voulait dire MOI, venait GA GA qui voulais dire TOI puis GA GA GA espèce d'imbécile.



Dans les BU on avait BU: petite pompe hélicoidale avec des roulettes, BU BU qui voulait dire OUI
etc, etc jusqu'au dernier mot du dictionnaire: MEU MEU MEU MEU MEU qui voulait dire FIN. 

Dans certains manuscrits Shadok on peut trouver un début de dictionnaire présentant la langue Shadok sous cette forme : 

Début de Dictionnaire GaBuZoMeu - Francais
Ga : 1) Moi 2) Non 
GaGa : Toi 
GaGaGa : Espèce d'imbécile 
Bu : Oui 
BuGa : Petite pompe 
BuGaGa : Grosse pompe 
Zo : Lui 
ZoBuGa : Pomper avec une petite pompe 
ZoBuBuGa : Pomper avec une grosse pompe 
MeuGaBu : Passoire 
MeuMeuMeuMeuMeu : Fin 

Vous aurez évidement remarqué les petites différences de traduction... 
Qui pourra dire quelle est la signification exacte de la langue Shadok ? 

Peut-être Claude Pieplu qui nous a servi si longtemps de traducteur... Allez savoir...



Egger Ph.